Souvenir de pêche / Le parcours pêche du Lignon à la Papeterie, un décor historique

© Kizou Dumas

Il est doux de se replonger dans les décors de pêche de notre enfance. Pendant les années 1950-1960, le parcours du Lignon à la Papeterie était la destination préférée des pêcheurs stéphanois. On y retrouve les saveurs et les couleurs d'un temps qui a balisé notre chemin de vie. Et c'est l'occasion de remettre en lumière les belles pages de notre Histoire.

Pierre de Montgolfier

En aval du village de Tence, département 43, le Lignon vellave se glisse entre les arches d'un vieux pont, tout près du lieu-dit « La Papeterie ». Ici, le 23 février 1700, naissait Pierre de Montgolfier, au sein de la fabrique de papier dirigée par ses parents. Quelques années plus tard, la famille délaissa le site du moulin d'Utiac à Tence pour rejoindre celui de Vidalon-les-Annonay, en Ardèche, sur les rives de la Déôme.

Parmi les nombreux enfants de Pierre de Montgolfier, se trouvent les inventeurs de la célèbre montgolfière. Le 19 octobre 1783, les deux frères Montgolfier, Joseph et Jacques, envoyèrent dans le ciel du faubourg Saint Antoine, à Paris, un aérostat garni de trois épaisseurs de papier. Bon sang ne saurait mentir ! Pour la première fois, deux hommes, François Pilâtre de Rozier et André Giroud de Villette, s'élevaient dans l'espace.

Pêcher l'été en famille

Pendant les années 1950-1960, le parcours du Lignon à la Papeterie était la destination préférée des pêcheurs stéphanois. Nous étions nombreux pendant la saison estivale à venir en famille pour ramener le soir à la maison une friture de goujons et de vairons. Quand j'étais enfant, on pouvait encore voir des vestiges des anciens ateliers. Mon frère et moi aimions jouer dans ce dédale et nous perdre parfois dans les canaux.

De nos jours, il ne reste plus beaucoup de traces du bâtiment d'époque à Tence, car il a été réhabilité plusieurs fois, pour des usages parfois douloureux. Mais le lieu est toujours connu sous le nom de « La Papeterie ».

Une pêche plus sophistiquée

Aujourd'hui, les pêcheurs du dimanche, leurs épouses et leurs bruyantes marmailles ont disparu du paysage. On ne verra plus leurs chapeaux de paille, leurs bourriches métalliques et leurs vieilles bottes en caoutchouc sur les rives du Lignon. La pêche à la ligne de la friture est démodée. Il semble que la pêche de ces petits poissons n'ait plus beaucoup d'adeptes ; trop populaire sans doute.

Au vingt-et-unième siècle, la pêche dans les cours d'eau de première catégorie est devenue sophistiquée. Le pêcheur évolue en solitaire. Il endosse un nouveau costume qui tient de l'uniforme : casquette à longue visière, lunettes, polarisantes de préférence, gilet aux nombreuses poches remplies de multiples accessoires : pinces ciseaux, bobines de fil, boîtes de leurres ou de mouches, etc… Sans oublier une épuisette accrochée dans le dos, des waders en néoprène ou en toute autre matière synthétique et enfin une bonne paire de chaussures antidérapantes.

Le temps a passé et l'ombre de Pierre de Montgolfier plane encore au-dessus de l'ancienne papeterie de Tence. Peut-être rêvait-il comme ses enfants plus tard, de s'élever dans les airs pour mieux observer, vu du ciel, le monde d'en bas.

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