Connaissance des coins de pêche et techniques
Comme toujours la connaissance des mœurs et coutumes du poisson convoité a toute son importante, et encore plus lorsque l'on recherche un poisson migrateur qui ne se nourrit pas ou très peu, comme c'est le cas de la truite de mer.
Il faut donc comprendre leur mode de fonctionnement, le type de poste qu'elles affectionnent, et ce, en fonction de la saison et du moment de la journée afin de pêcher efficacement. Bien entendu, c'est grâce à de nombreuses sorties au bord de l'eau que l'on va petit à petit enregistrer ces informations et adapter sa pêche.
Selon la technique de pêche que l'on pratique, il faudra également rechercher tel ou tel type de poste. La pêche aux leurres étant bien différente de la pêche à la mouche.
Concernant la pêche à la mouche de la truite de mer, elle peut s'effectuer de différentes façons tout au long de la saison.
Il y a les passionnés de la pêche traditionnelle en noyée (même s'il est possible de moderniser cette approche), qui est certainement la pêche majoritairement pratiquée en France pour cette espèce, mais il y a aussi les pêches plus modernes à la nymphe notamment.
Quelques pêcheurs tenteront également d'autres approches comme la pêche en sèche en dérive inerte comme pour la truite, ou plus spécifique aux migrateurs en faisant draguer son imitation en griffant la surface.
Pêche en noyée et tube fly des truites de mer
Dans la plupart des rivières du monde, la truite de mer est recherchée en mouche noyée.
Par mouche noyée, on entend une mouche qui nage sous l'eau et que l'on utilise en pêche aval. Elles sont montées sur des hameçons simples à triple de taille 12 à 2 selon la saison et les conditions. Ces mouches peuvent être aussi montées sur des tube fly ce qui permet de modifier l'armement et le lestage.
Les mouches varient d'un pays et d'une rivière à l'autre en fonction de nombreux facteurs que sont la couleur de l'eau et du fond, les conditions (couleur et température de l'eau), les influences locales, croyances et résultats, etc.
La pêche se pratique donc aval et le pêcheur fera dériver sa ou ses mouches sur les postes intéressants en dérive inerte en se servant du courant ou en animant ses mouches pour leur donner vie, les faire onduler ou vibrer, mais aussi remonter vers la surface. C'est pendant la dérive mais surtout la remontée de la mouche que les truites viennent prendre ou taper dans la mouche. Le pêcheur peut donc influencer cette remontée en animant ses mouches.
Le but est de provoquer un poisson posté, car les truites de mer sont des poissons territoriaux et agressifs qui défendent leur poste. La touche se caractérise par une tirée puis une lourdeur sur la soie auquel il faudra répondre par un relevé de canne assez ferme. Contrairement au saumon, la truite de mer ne se retourne pas au moment de la prise et il faut donc ferrer pour planter l'hameçon dans la bouche du poisson.
Le pêcheur pourra jouer sur la densité de sa soie ou sur celui de sa pointe ou polyleader pour pêcher à différentes densités et donc trouver les poissons actifs.
La taille et la couleur de la mouche a son importance et chaque pêcheur a ses croyances et modèles favoris. La confiance en ses mouches est capitale pour bien pêcher.
Pêche en nymphe de la truite de mer
Depuis de nombreuses années, la truite de mer se pêche en nymphe que ce soit en France ou à l'étranger.
Il y a plusieurs techniques de pêche à la nymphe possible pour la truite de mer :
- Pêche en nymphe aval comme en noyée
La nymphe peut être utilisée comme une noyée et être lancée aval en employant ou pas un polyleader pour la faire évoluer à une certaine profondeur. On réalise généralement juste à après le posé, un à plusieurs mendings (repositionnement de la soie vers l'amont) pour ralentir et faire descendre la mouche.
En Argentine sur le Rio Grande, le Rio Gallegos, mais aussi en Islande, c'est une des techniques les plus employées pour prendre des truites de mer entre 5 et 15 kg lorsque la température de l'eau est supérieure à 12 °C. Ces nymphes ont souvent des petites pattes en plastique qui émettent des vibrations et semblent bien énerver les truites de mer. Mais ce n'est pas tout le temps le cas. Elles sont souvent animées pour exciter les truites de mer.
En Normandie, cette technique fonctionne également. On utilisera souvent un hameçon droit plutôt qu'un hameçon courbe.
- Pêche en nymphe au fil comme pour la truite
Sur les rivières normandes, la pêche en nymphe au fil est souvent employée sur les secteurs où le profil du fond est très varié. Cela permet de faire évoluer la nymphe près du fond en permanence et de passer proche des poissons, en variant le lestage de la nymphe. Truites de mer, fario et ombres communs répondent tous favorablement à cette technique. On peut utiliser un fil fluo bicolore comme pour la truite pour détecter la touche. La technique est d'ailleurs identique. Seuls les modèles de nymphes ainsi que le diamètre de la pointe sont différents (plus épais pour combattre ces poissons nerveux et puissants).
-Pêche en nymphe indicateur ou dite « au bouchon »
La pêche en nymphe indicateur contrairement à la nymphe au fil, permet de soutenir une nymphe à une certaine profondeur grâce à un indicateur souvent en mousse, ou fibre synthétique ou tout autre type d'indicateur. Gaël Even, un ami, a utilisé cette technique, très employée au US, pour rechercher les truites de mer dans les trous profonds de la Touques, son principal terrain de jeu pour la truite de mer. Il a permis de réaliser de très belles pêches même en pleine journée, et notamment journée ensoleillée, lorsque les pêcheurs en noyée désertent les rivières à truites de mer.
Cette technique souvent critiquée est bien plus technique qu'il n'y parait. Il faut réaliser des dérives parfaites et trouver la bonne profondeur pour passer au ras des poissons. Car même si les truites de mer prennent assez bien la nymphe, elles se décalent rarement puisqu'elles ne se nourrissent pas ou peu. Il faut également une excellente connaissance des postes et lecture de l'eau.
Les truites de mer, souvent dites lucifuge, peuvent venir se poster dans assez peu d'eau et au soleil. Dans ces cas de figure, elles peuvent être repérées et pêchées à vue.
Cette pêche est bien entendu très technique, car il faut être discret, précis et concentré pour arriver à passer comme il faut et déclencher la préhension de la truite.
La technique est identique à la pêche de la truite, sauf qu'une fois de plus les truites de mer se nourrissent peu et donc sont moins enclines à prendre la nymphe.
Pêche de la truite de mer en surface
Les truites de mer peuvent se prendre en surface un peu partout dans le monde. Cependant, elles ne sont pêchées en surface assez rarement pour des raisons que j'ignore.
Que ce soit en sèche en dérive inerte ou en surface à draguer, les truites de mer aiment monter sur des mouches qui dérive sur la peau de l'eau.
- Pêche en sèche
Les truites de mer sont des truites fario migratrices. Peu importe leur taille, elles gardent cet instinct de venir gober en surface.
Certains pêcheurs bretons et normands pêchent régulièrement des truites de mer avec des gros sedges et terrestres. Ce sont souvent des finnocks (jeunes truites de mer), mais il se prend également des truites de mer d'assez belle taille de cette façon, notamment à l'automne. Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'elles redeviennent un peu plus fario et se nourrissent un peu, mais aussi deviennent plus agressives à l'approche de la fraie.
- Pêche à draguer
Saumons et truites de mer ont toujours été « agacés » par une mouche qui patine à la surface et créé un V caractéristique.
En Argentine où j'ai eu la chance de guider pendant 6 saisons sur le fameux Rio Grande, j'ai pu prendre et faire prendre de nombreuses truites de mer en faisant draguer un petit bomber (green machine) ou de petits tubes flies (hitch).
En Islande, parfois cette technique est employée également sur la truite de mer, car elle est beaucoup utilisée pour le saumon et fonctionne à merveille.
Au Royaume-Uni, certains pêcheurs recherchent les truites de mer avec de grosses mouches de surface et sub-surface en poils de cervidés, avec de bons résultats.
En France, cette pêche est à ma connaissance quasiment jamais pratiquée pour des raisons que j'ignore. Ce qui est sûr, c'est que la densité de truite de mer n'est pas la même que certaines destinations internationales que j'ai pu citer, mais je pense que cette technique aurait le mérite d'être essayée. On aura peut-être des surprises !