Sur l'eau au quotidien, une veille permanente
Après avoir préparé mon projet pendant 3 ans, je suis cette année au cœur de l'activité. Sur l'eau très régulièrement, en particulier au grand large, j'ai pu profiter du fruit de mes nombreux repérages, mais j'ai aussi observé des éléments nouveaux. Bien qu'ayant une bonne expertise de ma zone, je considère que nous n'aurons jamais fait le tour des secrets de la pêche.
Il faut savoir se remettre en question à chaque partie de pêche si l'on veut s'adapter et progresser. Comprendre notre environnement est primordial pour évoluer et s'adapter pour mieux réussir les pêches de demain. Ainsi, je suis sur le terrain, et en complément je discute avec les marins-pêcheurs, les pêcheurs à pied et je puise au quotidien de nombreuses informations qui m'aident à tester de nouvelles techniques, de nouveaux appâts ou de nouveaux spots.
Des émissoles et de la daurade royale à Dieppe
Par exemple, je suis allé en Angleterre plusieurs fois pour apprendre de nos voisins britanniques en matière de pêche des émissoles et requins hâ. Je suis allé aussi à Brest pour m'enrichir de la méthode d'un spécialiste de ces petits requins. Partout il y a des enseignements intéressants, que l'on adapte à notre zone et que l'on modifie, voire que l'on améliore. C'est ainsi que j'ai ajouté à mon cheptel d'une vingtaine d'espèces sur Dieppe l'émissole lisse, l'émissole tachetée (la plus courante) et le requins hâ.
Des combats puissants avec des poissons d'une moyenne de 90 cm à 1,10 m qui sont particulièrement amusants à pêcher sur du matériel fin. Ils ne mordent pas à n'importe quel appât, je suis encore en train de peaufiner cette pêche et notamment les tresses utilisées qui doivent être bien dimensionnées. En effet, lors de mon dernier essai, je prends 8 poissons en 2 heures et je casse 3 gros spécimens sur un nouveau spot ! J'ajouterai cette pêche étonnante au programme 2025. Lors de cette session sur un autre spot, je touche une daurade royale. C'est nouveau à Dieppe, et c'est un bon présage pour la suite.
Il y a un moment que je cherchais cette espèce. Le léger réchauffement de l'eau doit influer sur l'arrivée de ces nouvelles espèces, dont le thon rouge fait partie.
Du thon rouge en face de Dieppe
En effet, si le thon rouge n'est pas à mon programme pour le moment, j'ai le matériel pour le traquer au cas où je ferais une belle rencontre. Il y a 2 ans, j'ai cru en voir. L'année dernière, j'ai vu un spécimen d'environ 80 kg sauter après un maquereau devant mes yeux, en octobre. D'ailleurs, les chalutiers du coin avaient capturé quelques spécimens, dont 3 thons rouges de 200 kg à Dunkerque !
Cette année 2024, j'ai déjà vu plusieurs thons isolés en août, dont un spécimen de 100 kg qui est passé sous le bateau. Des amis de Cherbourg voient les populations de l'Est Cotentin basculer gentiment vers le Nord. Un chalutier a pris un spécimen de 45 kg en août à Dieppe. Bref, le poisson le plus puissant de nos eaux, qui suivait le Gulf Stream sans entrer dans le Détroit du Pas-de-Calais, entre enfin clairement dans nos eaux pour chasser les sardines et maquereaux. De mon côté, j'ai mes autorisations, ma bague et j'ai l'œil rivé sur l'horizon lors de mes guidages au large !