La pêche du bar en automne
L'automne est une excellente saison pour la pêche du bar et notamment à vue, peut être la meilleure. La baisse des températures de l'air et de l'eau incite les poissons à se nourrir plus régulièrement et activement. Les gros bars sortent plus souvent et sont parfois un peu moins regardant. La météo peut être capricieuse, mais c'est justement ces eaux plus souvent chargées et la lumière plus rasante qui rendent les bars moins sélectifs même s'il reste un prédateur toujours méfiant et très bien adapté à son milieu.
Je profite d'une annulation de dernière minute pour me faire deux sessions sur deux estuaires très différents pour tenter différentes approches et sortir de ma zone de « confort ».
Pêche à vue autour des parcs à huîtres
Les parcs à huîtres sont de très bons secteurs de pêche, car ils offrent le gîte et le couvert. En effet, ces structures apportent des zones que les bars apprécient pour leur aspect sécurisant tout en hébergeant une grande variété de nourriture : crabes verts, crevettes, puces de mer, gobies, petits poissons plats et alevins vivent autour des tables du fait de la richesse du milieu.
Chaque zone de parc à huîtres ou concession est différente et peut être plus ou moins attractive pour les poissons, mais dans la majorité des cas, les bars y passent fréquemment pour s'y nourrir à un moment de la marée. C'est souvent en fin de descendante et début de montante que les bars viennent chasser sous les tables et sont très opportunistes et actifs.
Depuis cette année, je vais de temps à autre sur ce secteur notamment lorsque les coefficients sont favorables et gardent un peu d'eau sous les tables. Cela permet d'avoir les bars en maraude pendant près de deux heures. Souvent la montante est plus intéressante, mais aujourd'hui c'est tout l'inverse !
À peine arrivée sur le poste que bars et mulets se manifestent ici et là. Coups de queue, vagues, et petites chasses éclatent. Je suis sur le qui-vive et prêt à faire feu. Mon imitation de crabe vert entre les doigts avec une petite réserve de soie pour lancer aussi vite que possible sur un poisson qui passe entre les rangées, ou sur une chasse au ras des tables, je longe les tables.
J'adore la tension et la concentration que demande cette pêche. Il faut que tous vos sens soient en éveil pour repérer visuellement une ombre qui se faufile sous les parcs, ou déceler un mouvement d'eau, ou encore entendre l'aspiration caractéristique du bar lorsqu'ils gobent les crevettes ou alevins au ras des poches. Tel Lucky Luke, il faut tirer plus vite que son ombre et pouvoir expédier sa mouche en moins de 3 secondes pour intercepter ces bars qui se déplacent très vite.
La lumière est bonne, et le vent léger. Même si en cette saison le soleil est plus rasant, je vois assez bien le fond sableux et clair qui offre un bon contraste pour repérer un bar en maraude. Rapidement en voilà un qui se fait discret et passe d'une rangée à l'autre. Juste avant qu'il ne m'échappe du regard, mon crabe se pose au ras du parc. peine tomber le bar fait demi-tour et m'arrache la soie des mains et retourne sous les tables. Je cours dans sa direction pour éviter au maximum le frottement mais cette fois-ci mon 30° n'aura pas tenu le coup ! 1-0 pour le bar ! Pas facile de toujours sortir vainqueur ! Le plus souvent il faut essayer de les pêcher quand ils sont sur les extérieurs des tables. Mais cela n'est pas toujours le cas et il est difficile de résister à la tentation.
Pendant que je remonte un crabe, ma mouche fétiche même lorsque les bars chassent dans les crevettes, des chasses éclatent un peu plus loin. J'accélère le pas et me dirige vers la zone où un groupe de bars sèment la zizanie. À peine mon nœud est fini que j'envoie en trois faux lancers mon crabe au ras de la dernière rangée juste à l'extérieur. Même action. Mon crabe descend et arrive à peine vers le fond qu'un bar surgit et tend mon bas de ligne. Ferrage en règle, et je tente tout de suite d'orienter ma canne vers l'extérieur des structures, mais rien n'y fait. J'avais monté cette fois du 14 lbs (32°) et en me plaçant dans l'axe de la table j'évite le maximum de frottement. Une fois calmé je ramène ma soie fermement en orientant ma canne droite puis gauche pour l'en sortir. Cela tient et je le vois apparaître. Un superbe bar en pleine forme qui rentrera très vite dans l'épuisette !
C'est vraiment du sport et on vit de sacrées montées d'adrénaline ! J'adore ces émotions fortes ! C'est une vraie drogue dure cette pêche !
Des conditions pas faciles
À la montante, les poissons ne sont plus actifs étrangement car sur ce spot c'est souvent le meilleur moment ! Comme quoi j'ai bien fait d'arriver plus tôt et être là en tout fin de descendante. Je me poste dans une allée, plus large qui permet de combattre les poissons plus sereinement, mais toujours pas de chasse ni de bar à la recherche de crabes.
Puis je distingue au loin une vague qui avance droit sous une rangée de tables. Les mulets ont un comportement bien différent des bars. Ils ont tendance à changer souvent de direction, d'être plus bruyants et visibles, alors que les bars appelés aussi loups dans le sud et à en Espagne et Italie, sont des prédateurs très discrets.
Cette eau nerveuse comme on les appelle dans le jargon de la pêche en mer exotique, m'intrigue et je décide de lancer mon crabe 1 mètre devant juste au cas où. Mon instinct était le bon, car un bar sort en trombe de la table et vient se saisir de mon crabe sans la moindre hésitation. Après un ferrage éclair, je bondis vers le milieu de la rangée pour lui mettre la pression et tenter aussi bien que possible de contrer son démarrage.
Avec l'habitude on arrive à augmenter son pourcentage de réussite dans ces parcs, mais malheureusement on ne gagne pas à tous les coups ! Cette fois-ci, c'est moi qui aurais été plus malin que lui, et j'arrive rapidement à le faire monter en surface et le « noyer ». Puis l'attire aussi vite que possible dans mon épuisette, qui est très pratique lorsque l'on pêche dans les parcs pour abréger les combats qui sont très violents et intenses et doivent être le plus court possible.
C'est un bar un peu plus petit, mais comme toujours dans ces tailles-là très vif et combatif. Il est très rond et bien nourrit. Mon crabe est piqué sur le bord des lèvres. C'était moins une !
Le reste de la montante sera très calme. Je vadrouillerais entre les rangées mais sans voir ni entendre de chasse. Je suis un pêcheur qui pêche surtout à vue, et j'aime de moins en moins les pêche aveugle mais je lancerai tout de même une imitation de crevette flottante appelée pop-shrimp qui imite une crevette en fuite qui saute en surface. Faire nager ces mouches qui travaillent en surface est une autre façon de pêcher visuellement même si on lance à l'aveugle. Mais c'est amusant de voir ces mouches de surface « popper » et d'espérer à chaque lancer qu'un bar viendra s'en saisir violemment dans une grande gerbe d'eau ! Cela n'arrivera pas cette fois-ci, même plus tard une fois que l'eau sera juste au-dessus des parcs. Pas une chasse ni vague et mon gurgler (mouche de surface) n'intéressera personne à mon grand désarroi.
Je pars dans une autre anse où la marée va monter progressivement, et qui est pêchante juste dans le bon timing une fois que l'eau est au-dessus des parcs que je viens de pêcher. Malheureusement, depuis quelques jours,une écume épaisse recouvre la surface de quasiment tous les estuaires du secteur, à la marée montante et rend la pêche à vue assez difficile. Je suis sur une bordure que je n'ai jamais faite et je trouverai quelques poissons, mais dans ces conditions de visibilité, très compliqué d'arrivé à pêcher correctement, ce qui mettra fin à cette première session plutôt sympa et amusante !