Cela fait des années que je ne suis pas retourné sur cet estuaire finistérien, car j'ai déménagé et que j'ai à portée de chez moi de nombreux estuaires en Sud-Bretagne. C'est une vraie chance d'avoir un territoire de pêche aussi vaste, et la Bretagne est une région extraordinaire pour la quête de ce prédateur unique.
Retour aux sources
Je suis très excité à l'idée d'y retourner, car cela va me rappeler les souvenirs de ce premier bar qui a tout changé dans ma pêche et également pour mon activité de Moniteur-Guide de pêche. Le début d'une grande passion pour la pêche à vue du bar.
Cela me permet également de changer de terrain de jeu et de redécouvrir ce coin et potentiellement d'en trouver d'autres. C'est toujours très intéressant de sortir de sa zone de confort, voir de nouveaux paysages et le fait de devoir de nouveau analyser les zones de pêche pour trouver les bons spots et à quels moments les pêcher.
Je commence par un secteur pas facile à pêcher à la mouche, car en surplomb mais où il y a parfois de très gros bars à venir se nourrir près du bord.
Tout de suite je vois un premier joli poisson qui se balade, mais qui n'est pas posté. Je fais un aller-retour sur la bordure, mais à part un petit poisson, pas d'activité de gros bars.
Sur le même poste un autre bar, un peu plus petit cherche sa pitance, collé à la bordure, près et sous une roche. Je lui présente tant bien que mal mon crabe, mais il ne descend pas assez vite et le fil se retrouve bloqué par des huîtres qui sont ici très présentes et rendent la pêche bien compliquée. Il se déplace et vient voir mon crabe qui est suspendu, mais il n'est pas dupe et fait demi-tour puis disparaît.
J'attends sur le poste, car je suis au bon moment de la marée. Un bar passera très vite et il ne sera pas possible de lui présenter une mouche.
Des poissons sélectifs
Après un petit moment sans rien voir, je décide de longer la bordure. Je redécouvre le coin, et m'aperçois en effet que le fond est jonché d'huîtres sauvages ! Je me souvenais plus de la configuration exacte du lieu, et tout de suite je commence à gamberger. Comment aborder ce profil de poste ? Je remplace tout d'abord ma pointe en 25° et monte un morceau de 28° en fluorocarbone pour limiter l'abrasion et peut être arriver à toucher et sortir un bar sur ce type de spot. Je monte également une imitation de petit gobie qui coule peu et reste en suspending grâce à sa tête large en résine UV qui emprisonne de l'air.
J'aperçois un premier bar tout noir qui est posté entre les huîtres. Je tente une approche, mais mon bas de ligne se pose sur les huîtres et se bloque ! Plus possible d'animer ma mouche. Depuis ma position impossible de pêcher correctement et le risque de coupe est important. Le bar s'enfuit à toutes nageoires. Mince !
Quelques mètres plus bas c'est un gros bar dans les 70 cm qui est posté lui aussi et tête vers le bas, il s'apprête à bondir sur une proie. Je lance mon gobie que je commence à animer, mais le bar s'empare de sa proie (qui semblait être décollée du fond donc peut être un petit poisson) et s'en va. Il n'aura pas eu le temps de voir ma mouche ! Une belle occasion de ratée.
Plus bas encore, un autre bar du même acabit est lui aussi entre les huîtres, mais je le distingue mal avec la mauvaise lumière. Je n'arriverai pas à le revoir et lui présenter ma mouche. C'est bon signe, les poissons sont là et actifs. Reste à trouver comment les approcher et arriver à les séduire !
Je remonte la bordure et retombe sur le premier poisson tout noir. Je lui présente à nouveau le gobie en me disant que c'est la meilleure option, car je ne vois pas comment poser un crabe sur ce fond miné d'huîtres ! Il n'est pas du tout intéressé et reste posté.
Je décide donc de monter un crabe pour tester, en choisissant un assez petit et léger. L'idée est de lui présenter entre deux eaux sans qu'il n'atteigne le fond où il serait de toute façon condamné !
Le premier lancé passe un peu loin et aucune réaction. Je m'applique pour lancer près mais sans l'effrayer en amortissant le posé. Puis je réalise un long strip pour faire passer mon crabe devant lui sans le laisser tomber entre les huîtres. Il est dans 40 cm d'eau. La manœuvre est ardue ! Il le voit, le suit, l'engame et part avec. Ferrage aussi sec et il est piqué. Je suis obligé de m'avancer rapidement pour le combattre canne haute pour éviter le frottement de mon bas de ligne sur les huîtres qui sont aussi tranchantes que des lames d'un rasoir ! Le combat est tout en force, et malgré sa taille moyenne, il est puissant. L'épuisette sera d'un grand secours et je le force à y aller. Ouf ! Manœuvre pas simple mais réussie ! Cela fait très plaisir ! Le coup de ligne était parfait !
Puis je ne verrai plus rien sur cette bordure. Il est temps de changer de poste et aller voir là où j'avais pris mon tout premier bar.
La météo se gâte et rend la pêche très compliquée
Je me rends tout de suite sur le spot où ce premier joli bar, un spécimen de 54 cm, avait fait de moi un pêcheur de bar à vue à la mouche et où cette nouvelle passion a débuté.
Les structures sont toujours là, le niveau parfait et rapidement je tombe sur un premier poisson en maraude. Comme sur le poste précédent et un peu partout sur cet estuaire, le fond est constitué d'une bande d'hutres sauvages qui empêche de poser sa mouche sur le fond. Je suis donc obligé de lancer plus près et de garder le fil tendu pour amortir la descente de ma mouche en réalisant un long strip lent. Ce joli bar de près de 60 cm passe vite et je ne sais pas s'il a vu mon crabe ou l'a tout simplement ignoré...
Juste après un autre poisson légèrement plus court se présente sur la bordure. Même topo, mais la présentation ne lui plaît pas et il refuse ma mouche. J'avoue être un peu coincé, et je ne sais pas trop comment aborder ce type de poste une fois de plus.
Le vent se lève et une écume épaisse se forme sur le bord rendant la visibilité très compliquée. Je sais que les bars apprécient cette zone. Il faut donc que je persévère. Je longe le bord en me rapprochant et en gardant ma mouche et mon bas de ligne dans la main pour être prêt à lancer à la moindre écaille en mouvement ! Seule possibilité, car il est impossible de voir à plus de 3 mètres de moi. Après une bonne dizaine de minute sans voir aucun poisson, un léger remous attire mon regard. C'est un bar et j'ai juste le temps de m'en rendre compte que mon crabe est déjà dans l'eau sur sa trajectoire. Le bar le voit et l'aspire tout de suite. Pendu ! Une action qui s'est déroulée à une vitesse incroyable. Je le bride également pour ne pas me faire couper dans les huîtres et le glisse aussi vite que possible dans mon filet. Génial !
Je suis très content, car franchement les conditions ne sont pas du tout de la partie. Je décide d'ailleurs de marcher plus vite et d'aller voir une zone plus loin où les goémons sont moins nombreux. Le secteur est joli et me semble intéressant, malheureusement je n'y verrai aucun bar. J'insiste un peu, mais les conditions ne s'améliorent pas. Je ne verrai qu'un bar bien foncé qui partira aussi vite que venu. Fin de ma partie de pêche avec une belle satisfaction et aussi du grain à moudre pour trouver des alternatives pour pêcher ce type de zones, complexes pour ma pêche à vue habituelle.