Le phytoplancton toxique
Après une période météo plutôt mouvementée, le beau temps semble revenu pour ces 3 jours sur l'estran. Il y a pourtant un point noir, la coquille St Jacques. Si la cueillette est de nouveau autorisée depuis le 1 er octobre, elle est de nouveau fermée pour raison sanitaire. La faute au phytoplancton toxique. Le phytoplancton trouve de bonnes conditions de développement avec le réchauffement climatique et l'apport d'éléments nutritifs charriés par les cours d'eau. La rade de Brest est entourée d'activités agricoles diverses et 5 rivières côtières se déversent dans son bassin. Les phytoplanctons qui touchent les coquilles sont du genre « Pseudo-Nitzschia ».
Ces espèces toxiques produisent ce qu'on nomme des toxines amnésiantes appelées toxines ASP (Amnesic Shellfish Poisoning). Les symptômes apparaissent en 24 à 48 h, après consommation de coquillages contaminés (pectinidés). Troubles digestifs pouvant être suivis de troubles neurologiques et dans les cas graves, convulsions, coma, pouvant aller jusqu'au décès.
L'IFREMER, à travers ses réseaux REPHY et REPHYTOX, suit en continu l'évolution des taux de toxines dans les coquillages et diffusent les alertes en cas de dépassement des seuils admissibles. Dans tous les cas un arrêté préfectoral est publié pour interdire la cueillette des espèces concernées selon les zones touchées.
Voilà la raison pour laquelle les pectinidés, St Jacques et pétoncles, sont interdites de ramassage en ce moment. Mais il reste quand même d'autres espèces à récolter sans danger, heureusement.
La récolte est bonne
Le premier jour, le coefficient est de 107. En attendant que l'estran se découvre, je promène mon montage Tataki dans les 15 m d'eau qui entourent le plateau convoité à la basse. Les seiches et calamars répondront présent.
Une fois l'estran suffisamment découvert, je pose mon kayak sur le gravier. Je commence par les grosses palourdes puis les praires. Suivant le recul des eaux, j'arrive sur mes zones à dormeurs et à ormeaux. La récolte est bonne Les gros dormeurs sont une fois de plus au rendez-vous, des crabes de 17 à 21 cm de large, bien lourds. J'en garderai 5 pour un bon repas, je ne suis pas seul autour de la table. Je ne prends que les mâles, je trouverai aussi 8 grosses femelles qui resteront sur l'estran.
Le deuxième jour, le coefficient est de 112, je reproduis le même schéma que la veille, cette fois, ce seront quelques bars qui me feront patienter, remis à l'eau et du calamar. Côté coquillages, je ferai surtout de la grosse praire et prélèverai deux autres gros mâles dormeurs. Je verrai aussi de nombreuses grosses coquilles, mais elles resteront malheureusement sur le gravier, je ne joue pas ma vie sur un coup de dés.
Séance pédagogique
Le troisième jour, le coefficient est de 111. Pas de kayak aujourd'hui, mais une séance pédagogique pour mes petits enfants sur les habitants de l'estran. Les enfants sont réceptifs à ce genre de sorties et il est bon de les éduquer sur les bonnes habitudes à avoir au bord de l'eau. Munis de boites de sel, on commence par les couteaux, c'est la base et c'est amusant avec de jeunes enfants.
Ensuite, découverte des habitants des mares, crevettes, crabes, galathée, buccardes, petits poissons… Ce sont des regards émerveillés à chaque découverte. À noter deux espèces un peu confidentielles et que l'on ne trouve pas sur n'importe quel biotope, l'oursin des sables ou souris des sables, un oursin soyeux qui semble recouvert de fourrure et le crabe fouisseur ou crabe licorne, celui-ci les a beaucoup amusé.
Bien sûr, c'était no kill aujourd'hui pour toutes ces espèces. L'estran, une fois encore s'est montré généreux. Il faut le respecter et ne prélever que ce que vous consommez, cela permettra,à chaque marée, de se faire plaisir pendant encore longtemps et si vous pouvez éduquer les générations suivantes, ce sera encore mieux.