La pêche en mer exotique demande d'être un bon lanceur et un pêcheur aguerri.
Le vent, le déplacement rapide des poissons et leur méfiance nécessitent de pouvoir lancer vite, loin et précisément pour déposer sa mouche dans le champ de vision ou la trajectoire du déplacement des poissons.
Connaitre, les mœurs et coutumes de ces espèces permet également de mieux les pêcher en adaptant son matériel, ses mouches et sa stratégie de pêche.
Approche technique et matériel
Il faut absolument s'entraîner à lancer à distance, notamment en employant la simple et double traction pour lancer vite et loin, gage de réussite en pêche en mer exotique. Il n'est pas rare de devoir lancer à plus de 15 mètres voire 20 mètres et plus et parfois avec de l'eau jusqu'à la taille et/ou le vent de face.
Le lancer avec shoot arrière ou back hand cast est aussi une corde de plus à son arc et je dirai même un lancer inévitablement à maîtriser dans les conditions souvent ventées des Caraïbes et un positionnement du pêcheur pas toujours idéal par rapport au déplacement des poissons.
Ce lancer m'a permis de prendre de nombreux poissons tropicaux et parfois même de très gros spécimens dans des situations où un lancer sur mon épaule droite n'aurait pas été possible.
Il faudra également savoir être précis et ce même à longue distance et sur des poissons en mouvement. Une pêche exigeante qui demande certaines compétences.
Connaitre son matériel et savoir l'utiliser se travaillent aussi. Il faut acquérir le matériel adéquat pour chaque espèce et puis l'utiliser régulièrement pour savoir en tirer le meilleur parti et l'optimiser. Rien ne doit être laissé au hasard, car la moindre erreur est vite sanctionnée.
Travailler sa technique de lancer est donc fondamental avant d'aller se confronter à la méfiance légendaire du permit. Un entraînement sur gazon et dans des conditions ventées avant un voyage est fortement conseillé afin d'être fin prêt pour le jour J.
Le permit se pêche principalement avec de grosses imitations de crevettes (taille 2 et +), mais aussi avec des mouches crabes souvent volumineuses et lestées. Ces mouches sont bien plus difficiles à lancer que celles pour le bonefish. Aussi, les palometas (ou permit) se déplacent souvent très vite et demandent d'être vraiment efficace pour augmenter ses chances de capture. Il faudra donc opter pour un ensemble de puissance 9 ou 10 en fonction des conditions. Ces cannes sont plus puissantes et nécessitent un peu d'habitude et beaucoup de technique. Elles ne pardonnent pas les erreurs de blocage et de timing. Les refus sont nombreux et les opportunités parfois minces. Il faut donc faire ce qu'il faut au bon moment lorsque l'occasion se présente.
Une pêche qui demande beaucoup de patience, d'obstination et d'abnégation
Il faut déjà avoir roulé sa bosse et avoir capturé de nombreux poissons, notamment des bonefish avant de s'attaquer au permit. La pêche du macabi (bonefish) est une très bonne école et permet déjà d'appréhender cette pêche à vue en mer chaude. Elle est très proche de celle du permit sauf pour deux raisons principales :
-Les permits se pêchent dans plus d'eau et donc l'emploi de mouches plus lourdes et plus compliqué à lancer.
-Les permits sont beaucoup plus durs à faire mordre sur nos mouches. Les refus sont monnaie courante et il faut savoir gérer cette frustration et la pression que l'on se met à chaque opportunité.
Il faut donc être « rassasié » et ne pas s'attendre à prendre beaucoup de poisson lorsque l'on s'attaque au permit. Cela peut déplaire à de nombreux pêcheurs, mais c'est la même règle pour tout le monde !
C'est une pêche où il faut passer de longs moments sans avoir de « cible » et donc de lancer, et être prêt à chaque instant si une occasion se présente. Il arrive certaines journées de ne voir aucun poisson, ou poisson bien placé pour leur proposer votre mouche, et d'autres où les situations favorables s'enchaînent, mais en règle générale les occasions sont assez limitées.
Le moral est donc très important et il faut savoir être très patient. Le pêcheur de permit, est un traqueur de trophée, ou une personne prête à faire des sacrifices pour prendre un seul poisson dans sa semaine. Comme on dit en anglais : « a permit is a permit » et la taille importe peu, car chaque poisson se mérite.
Pour avoir le maximum de chance, certains pêcheurs pêchent seuls et/ou prennent un guide juste pour eux. On appelle ça être en « single ». Ceci dans le but d'avoir dans la journée toutes les opportunités pour soi. Car souvent, la pêche s'effectue à deux pêcheurs pour un guide/bateau, mais dans ce cas, une rotation doit être mise en place. Il faut bien s'entendre avec le pêcheur ou la personne avec qui on partage le guide/bateau.
Un défi pour les pêcheurs à la mouche en mer
Si l'on souhaite capturer son premier permit à la mouche, il faut optimiser ses chances en consacrant un ou plusieurs voyages spécifiquement pour cette espèce. Il est bien sûr possible de faire une pêche mixte pour les différents poissons présents dans ces eaux chaudes (tarpon, bonefish, snook, …), mais si l'on veut vraiment prendre le Graal des flats, il faut y mettre les moyens et y consacrer du temps.
Certains pêcheurs sont prêts à dédier leur voyage entier rien que pour prendre du permit.
Certaines destinations s'y prêtent plus que d'autres et il faudra faire son choix pour rechercher spécifiquement ce magnifique poisson, aussi méfiant, rusé que combatif pour réaliser un rêve.
Le Mexique est certainement la destination la plus réputée pour traquer le permit, car la densité est excellente, avec une taille moyenne plutôt basse, mais aussi la possibilité de tenter de plus gros spécimens au cours de son séjour.
Vous l'aurez compris, la pêche du permit n'est pas une mince affaire. C'est une traque qui demande des compétences en tant que pêcheur/lanceur, mais aussi un mental d'acier pour faire face aux situations et aux conditions.
C'est néanmoins l'une des plus belles pêches en mer chaude, avec des poissons qui viennent se nourrir dans peu d'eau et des actions de pêche et situations très excitantes et passionnantes.