Stratégie d'ouverture truite : pêcher imitatif ou incitatif ?

Ouverture truite, adopter la bonne stratégie © Morgan Calu

Il existe de nombreuses approches pour réaliser une bonne ouverture de la pêche en première catégorie. Concernant la pêche au leurre, il est souvent indispensable de bien choisir son leurre et de bien appréhender son impact auprès des salmonidés. Décrypter l'humeur des truites et adapter sa présentation est un des critères à prendre en compte.

Stratégie d'ouverture : pêcher imitatif ou incitatif ?

La pêche au leurre permet de nombreuses approches pour duper les carnassiers. La truite fait partie des poissons prédateurs, qui adoptent cependant un régime alimentaire éclectique et complexe. Comme tous les animaux, les salmonidés, et la truite, attaquent une proie pour se nourrir, par besoin alimentaire. Mais un autre mécanisme instinctif régie le processus d'attaque des prédateurs, il s'agit de l'agressivité. Ce mécanisme se traduit chez les poissons prédateurs par un coup de morsure, la gueule étant le moyen de se nourrir, mais aussi et surtout d'attaquer.

Trouver l'équilibre entre imitatif et incitatif est souvent la clé
Trouver l'équilibre entre imitatif et incitatif est souvent la clé

L'attaque n'est pas forcément synonyme d'alimentation et peut-être purement agressive, pour plusieurs raisons. C'est ce mécanisme d'attaque des carnassiers qui rend la pêche au leurre possible. S'il n'existait pas, la pêche au leurre serait très peu prolifique par rapport aux pêches aux appâts naturels. Pour le pêcheur au leurre, cela se traduit par « comment entrainer une attaque du poisson ? » Via un leurre imitatif en stimulant le caractère alimentaire ou via un leurre incitatif stimulant l'agressivité de la truite ? Il ne s'agit pas seulement de choisir son leurre, mais de réfléchir à son approche globale. Tentons de décrypter ces comportements et ces mécanismes d'attaque de notre leurre afin d'en tirer profit pendant l'ouverture de la truite, mais aussi durant toute la saison à venir.

Imitatif pour l'alimentaire

Beaucoup de pêcheurs pensent qu'en pêchant avec le leurre le plus imitatif possible le nombre de touches augmente, car il dupe plus de poissons. Cette vérité est particulièrement présente dans le monde de la pêche de la mouche où beaucoup de monteur cherche l'imitation parfaite d'insecte. Pourtant, de nombreux compétiteurs à la mouche parviennent à de bons résultats avec des mouches purement incitatives, n'imitant rien ou presque et arborant souvent un rappel coloré chatoyant (orange, jaune, rose…). Pêcher imitatif peut-être une solution dans bien des cas, notamment lorsque l'on veut agir sur le comportement alimentaire de la truite. Il faudra tenter de décrypter le ou les détails qui déclenchent la touche des truites. Car aucun leurre n'imitera à 100 % une vraie proie. Un leurre imitatif sera un leurre qui fera croire à une truite qu'elle attaque une proie. Ce qui ramène ce leurre à une proie aux yeux d'une truite peut être un simple coloris, la forme du leurre, sa nage…

Les paramètres sont nombreux. Un leurre imitatif déclenchant une attaque alimentaire pourra reproduire le plus fidèlement possible la forme et la couleur d'une proie, mais pas seulement. On peut aussi choisir son leurre en fonction de sa nage ou de sa dérive, sa fréquence vibratoire, sa profondeur d'évolution, voire son odeur…

Ce petit shad représente plutôt un attrait alimentaire qu'une grosse bouchée incitative
Ce petit shad représente plutôt un attrait alimentaire qu'une grosse bouchée incitative

Lorsque la truite attaque un leurre très imitatif, c'est souvent parce qu'elle pense se saisir d'une proie, d'un aliment. Pour jouer sur ce caractère alimentaire, il faut limiter les vibrations « surnaturelles », les sons, proposer un visuel réaliste (couleurs naturelles) et souvent avoir recours au downsizing. Le downsizing est une approche qui consiste à « baisser la taille » du leurre pour limiter les déplacements d'eau, vibrations et l'impact visuel. Le leurre ne se fait ainsi pas exagérément remarquer (ligne latérale) par la truite qui identifie le leurre comme une proie potentielle. C'est une bonne solution pour déjouer des poissons méfiants ou éduqués qui agissent moins par caractère agressif.

Outre le visuel, pensez aussi à la profondeur d'évolution du leurre. Plus le leurre évolue et passe naturellement à portée d'une truite, plus il y a de chance de se faire intercepter. C'est notamment pour cela que je conseille d'aborder à vue un poisson posté avec un leurre imitatif ; normalement, nez au courant, ces truites sont en phase d'alimentation. L'idéal est de « passer » le leurre subtilement et correctement du premier coup. Enfin, jouer sur le trait alimentaire, c'est avant tout pêcher lentement et précis. Il n'y a pas ou peu de prospection. Le leurre dérive et évolue sur des postes ou une veine précis abritant potentiellement une truite.

Dans le panel de leurre « alimentaire », on pourra retenir les leurres souples type finesses, les imitations de larves ou d'insectes, les jerkbaits suspending silencieux, ou encore les petites cuillères ondulantes.

Incitatif pour l'agressivité

Avoir recours à un leurre incitatif, ce n'est pas forcément écarter l'impact alimentaire du comportement de la truite. C'est surtout que l'on joue sur son agressivité de prédatrice. Cette agressivité est instinctive et l'attaque peut être motivée pour des raisons toutes autres que l'opportunité d'alimentation : il peut s'agir d'un mécanisme réflexe, de la défense d'un territoire, de la curiosité, de l'agacement provoqué par un intrus…

Jouer sur cette agressivité, nous le faisons tous. Tous les leurres qu'on le veuille ou non, offrent un excès surnaturel de stimuli. Certains bien connus comme les cuillères tournantes, n'ont rien d'imitatifs, si ce n'est certaines nuances de couleurs, et pourtant ce sont toujours des leurres incontournables. Le but dans cette approche est que le leurre se fasse remarquer : on pourra jouer sur les coloris flashy, les vibrations offrant une grosse présence au leurre, sur-lester les leurres, utiliser des leurres bruiteurs. Tous les leurres ou presque permettent de pêcher incitatif.

En termes de pêche, jouer sur le côté incitatif permet de prospecter plus de terrain en quête de poisson actif et réceptif au leurre. Les leurres se font remarquer de loin et battent le rappel. En revanche, on sacrifie parfois la taille et la qualité des poissons pêchés au détriment du nombre, les petits poissons se ruant plus rapidement sur les leurres.

Les coloris flashy, bien que peu naturel, sont régulièrement la clé pour obtenir plus de touches!
Les coloris flashy, bien que peu naturel, sont régulièrement la clé pour obtenir plus de touches !

Pour conclure sur cette réflexion assez délicate à appréhender, pour l'ouverture, voici ce qu'il faut retenir : en eau claire ou froide, lors de pêche à vue, sur des gros poissons ou des poissons éduqués, privilégiez une approche imitative. Il en va de même si la zone est très pêchée et les poissons éduqués. Les petits (downsizing) leurres souples, poissons nageurs suspending feront certainement la différence animés lentement et précisément. Prospectez en premier lieu les zones calmes et profondes et les postes bien marqués.

En eau trouble ou piquée, sur des grandes et moyennes rivières ou sur des poissons surdensitaires, tentez d'abord une approche incitative. Utilisez en premier lieu des leurres à forte présence visuelle et vibratoire pour prospecter large et trouver des truites réceptives. Les coloris flashy ou encore les leurres bruiteurs peuvent déclencher les touches. Les leurres comme les minnows coulants, les cuillères tournantes ou les micro spinnerbaits sont ceux avec lesquels insister.

Plus d'articles sur le thème