L'ouverture, seul ou avec des amis ?
L'ouverture chacun l'a fait à sa façon.
Certains aiment retrouver les rivières avec un cercle d'amis, car à l'ouverture, on fête en quelques sortes le retour au bord des rivières !
Ils apprécient par-dessus tout de passer un moment avec leurs partenaires de pêche pour échanger sur les nouvelles mouches, cannes et dernières acquisitions, mais aussi se remémorer les belles prises et anecdotes des saisons passées. Le pique-nique sera presque plus important que la pêche en elle-même et s'éternisera parfois !
D'autres pêcheurs, comme c'est mon cas, préfèrent être seul pour se retrouver en harmonie parfaite avec la nature et ces rivières qui nous ont tant manquées pendant 6 mois !
C'est un moment pour soi, où l'on va et on vient à son rythme. On observe la nature et constate les niveaux d'eau, les changements qui ont eu lieu depuis la fermeture. On prend la « température » et voit les conditions pour les prochaines semaines qui seront plus calmes mais aussi plus propices pour la pêche.
Quand y aller ?
Rien ne sert de courir les rivières dès le lever du jour même si certains apprécient ce moment. Les poissons sont rarement enclins à mordre dès les premières heures de la journée, surtout à la mouche, même s'il est possible de prendre du poisson.
Les truites sortent de l'hiver et sont affaiblies par la fraie, et dans les eaux froides de début de saison sortiront que quelques heures au moment où la température de l'eau prendra un ou plusieurs degrés.
Cela fait des années que je privilégie le créneau 11 : 00 – 15 : 00, car les poissons vont rapidement sortir pour se nourrir et de plus, une grande majorité des pêcheurs seront en train de manger chez eux ou au bord de l'eau. Ce petit « répit » est souvent le plus favorable pour prendre des truites en début de saison, surtout à la mouche.
Quels secteurs rechercher ?
Plus les eaux sont hautes et froides et moins les truites seront actives, ou très brièvement.
Les rivières de plaines, plus larges et avec plus d'eau mettront du temps à se réchauffer, et je privilégie les têtes de bassins, où la « couche d'eau » est plus faible et donc plus rapides à monter en température, surtout si le soleil est de la partie. Il peut même y avoir quelques éclosions de petites baétis, brunes de mars ou « march brown » et quelques sedges. Les truites ne rateront pas cette occasion de venir près de la surface même en début de saison.
Il faut choisir des secteurs où les zones d'amortis sont les plus présents, car les truites ont un sang-froid et leur métabolisme est donc lié à la température de l'eau. Elles ne se mettront pas dans les courants où la perte d'énergie sera plus importante, mais à l'abri sur les bordures ou tous les secteurs où le courant est cassé par des structures, notamment des cailloux et zones d'enrochements, embâcles, ... Ce sont de bonnes caches et les truites pourront être protégées des courant rapides pour venir prendre quelques nymphes voire taper dans les vairons qui eux aussi cherchent des zones plus calmes.
Les queues de pools, zones mixtes de courant faibles à moyennement rapides, postes collés aux berges sont souvent de très bons postes.
Le choix de la technique
Depuis plusieurs années, je pêche surtout en nymphe au fil ou NAF, qui est devenue très à la mode du fait de son efficacité.
Les truites gobant de moins en moins, les jeunes générations de pêcheurs se mettent tout de suite en nymphe au fil au détriment de la sèche et des autres techniques plus traditionnelles comme la noyée et le streamer.
Les pêcheurs plus « anciens » s'y sont également mis pour s'adapter aux comportements des truites qui se nourrissent à 80 % sous l'eau. Pourquoi s'en priver !
Même si cette technique se pratique la majorité du temps sans soie et que l'action de fouetter disparaît, ce qui déplaît à nombreux pêcheurs, c'est une technique très intéressante de par sa technicité.
On pourrait croire qu'il suffit de lancer des nymphes dans l'eau pour prendre des poissons sous la canne, ce qui fonctionne parfois, mais en réalité, la nymphe au fil demande des compétences et une bonne capacité d'observation et d'analyse.
La réussite de cette pêche réside dans la qualité des dérives. Ce qui n'est pas simple à réaliser car il faut avoir en permanence un poids de nymphe correspondant à la profondeur et à la vitesse du courant en fonction également de l'activité des truites (plus ou moins décollées du fond).
Bien entendu, il sera possible de pêcher en noyée, au streamer en pêche ¾ aval, mais au fil des années, je trouve que la nymphe au fil et la pêche au streamer avec une canne pour la nymphe au fil permet de bien mieux présenter nos mouches en début de saison. En effet, les truites sont peu mobiles et actives et ces deux techniques permettent de passer très près des poissons et lentement, ce qui est très efficace contrairement aux deux autres techniques énoncées, où les truites devront « aller chercher » les mouches dans la couche d'eau.
Cependant, dès un léger réchauffement des eaux et lorsque les truites s'activent un peu plus, la noyée et le streamer en pêche aval peuvent être très productifs également. On retrouve le plaisir de lancer une soie et de prendre des touches plus marquées.
La pêche en sèche sera une option à garder sous le coude, car il sera dommage de ne pas avoir le plaisir de lancer sur quelques truites qui profitent d'une éclosion ! Dans certains coins de France, les March Brown vont faire sortir de grosses truites dès l'ouverture, et même avant (en deuxième catégorie).
Chacun pratiquera à sa façon et le plus important est de prendre du plaisir dans la technique que l'on aura choisi. Le résultat importe pour certains alors que d'autres n'y apporteront que peu d'importance.
Insister et s'appliquer dans ses dérives
Rien de sert de courir toute la rivière en début de saison ? Pour moi, l'essentiel est d'identifier des secteurs propices, ou que l'on connait au fil des années et de bien les pêcher. Le repérage des coins, quelques jours avant, est toujours une bonne idée. Car les débits seront un des facteurs les plus important à prendre en ligne de compte.
Les truites seront en quasi-léthargie et les bonnes dérives seront les plus payantes. Il est plus judicieux d'insister sur des bons postes, quitte à les refaire plusieurs fois dans votre créneau de pêche que de pêcher rapidement pour chercher des poissons actifs. Ils sont tous à la même enseigne et sortiront aux mêmes moments. Néanmoins certains secteurs seront plus « productifs », car les poissons bougent pour la reproduction. Parfois, les truites sont très localisées, et d'autres plus reparties sur le linéaire de la rivière. Cela dépend une fois de plus souvent de la température de l'eau.
En nymphe au fil, en début de saison il faut choisir de bonnes bouchées (hameçon de 10 à 14), privilégier des nymphes dodues naturelles mais ayant un tag coloré en tête ou en queue, notamment l'orange et le chartreux qui se voit très bien dans les eaux piquées d'ouverture. Ne pas hésiter à surlester légèrement vos nymphes pour qu'elles passent près voire sur le fond là où les truites seront « collées ». Le courant est toujours moins fort contre le fond de la rivière et près des obstacles.
Pensez à réaliser des dérives courtes, mais précises pour bien passer au ras de chaque poste. La répétition des passages permet parfois de faire sortir une truite peu active.
Pêchez bien tendu tout en gardant un peu de liberté de dérive, car la nage de vos nymphes devra être naturelle. En début de saison, les touches interviennent souvent lorsque votre/vos nymphes sont près de vous et touchent le fond, alors que plus tard, les touches pourront avoir lieu peu de temps après l'immersion des mouches (quand les truites sont actives et décollent pour venir les chercher) et en fin de dérive et/ou à la remontée des nymphes qui pourront déclencher leur agressivité. C'est plus rare dans les eaux froides, mais cela peut arriver.
Au streamer au fil, dandiner doucement votre mouche près des obstacles et les bordures pourra vous sauver la mise, et même déclencher un très beau poisson qui profitera d'une belle bouchée !
Bon retour au bord de l'eau à tous et passer un bon moment seul ou entre amis !
