Comment pêcher la truite a la mouche en petite rivière ?

La pêche à la mouche en petite rivière est une pêche de précision et de discrétion © Enjoy Fishing / Jean-Baptiste Vidal

La France est composée d'un réseau hydrographique vaste et diversifié. Cependant, nous n'avons pas tous la chance de disposer de grandes rivières larges et dégagées. Aussi, il est parfois judicieux de chercher d'autres terrains de jeu où la pression de pêche est moindre. De plus, savoir pêcher en petite rivière permet de se perfectionner tant en termes de lancer que dans la pratique d'une multitude de techniques complémentaires.

Pratiquer la pêche à la mouche sur des rivières de petites tailles demande quelques ajustements surtout lorsque l'on pêche principalement en moyenne ou en grande rivière (plus de 20 m de large). Il faudra bien entendu adapter le matériel, sa façon d'appréhender la pêche, soigner son approche, mais aussi savoir maîtriser tous les lancers que comporte notre belle discipline !

C'est une pêche très dynamique et formatrice, de précision, de patience, et d'humilité et qui bien souvent est couronnée de succès si l'on fait ce qu'il faut !

Sortir des sentiers battus !

Les avantages de pêcher en petite rivière sont multiples. Le premier est que les eaux s'y réchauffent plus rapidement que sur les rivières plus larges et profondes. La lame d'eau étant moins importante. Aussi, les insectes sortent donc plus tôt, et en conséquence les aficionados de la pêche en sèche pourront pratiquer avec succès dès le mois d'avril. Les poissons ont également une période d'activité de plus longue durée et y sont souvent moins sélectifs. La pression de pêche est également moindre sur ces petits cours d'eau plus technique à pêcher.

Le revers de la médaille, c'est que l'on pêche dans peu d'eau et que chaque détail compte. Les niveaux baissent également plus tôt et certaines de ces rivières seront difficiles à pêcher plus tard en saison. C'est une pêche assez technique et il faudra être un bon lanceur pour pêcher correctement chaque poste et réaliser les bonnes dérives.

C'est une pêche de précision et de discrétion. Il faut pêcher à courte distance pour favoriser la précision et la qualité de présentation. Les veines de courant sont plus nombreuses. Il faudra réaliser des dérives courtes, attention au dragage ! Les posés détendus sont souvent nécessaires et pas toujours faciles à réaliser dans cet environnement parfois hostile. Les lancers de type « wiggle » en serpentin, shoot vers le ciel ou avec mending aérien doivent être maîtrisés.

La pêche en petites rivières s'abordent différemment
La pêche en petites rivières s'aborde différemment

Côté mouche

En termes de mouches, privilégier les imitations de trichoptères en tout genre. C'est la mouche de base. Une sélection de 2/3 modèles en 3 tailles (14, 16 et 18) et le tour est joué. Quelques culs de canard gris, marron, olive et noir permettront d'imiter les principaux éphémères. Une touffe colorée (yarn ou autre) sur le dessus de la mouche facilitera son repérage sous un couvert végétal dense. Une poignée d'ORL, et bien sûr quelques mouches plus spécifiques qu'il faudra adapter en fonction de la saison et des éclosions du moment : mouche de mai, sulfure, Ecdyo, « pléco ». Observer ce qui dérive. Mais surtout ne pas laisser de côté tous les terrestres que l'on emploie plus tôt ici et bien plus souvent qu'en grande rivière. En effet, ces petits cours d'eau sont bordés de bois, de prairies et la ripisylve dense. Les insectes divers et variés des ordres des diptères, orthoptères et coléoptères sont légion et se retrouvent souvent à l'eau. Sans oublier les hyménoptères (fourmis) au cas où en été. Les truites en raffolent !

Si les poissons boudent la surface, la pêche en tandem y est souvent à la fois très efficace, mais aussi ludique. Ces rivières sont souvent moins profondes et le montage sèche-nymphe fait merveille. De plus on garde une sèche avec quelques poissons qui monteront la prendre même si l'activité est limitée. C'est toujours plaisant.

Les pheasant tail et variantes, ORL, larve de sedge, imitation de baetis et nymphes à dominante noire, vous permettront de prendre des poissons en toute circonstance en adaptant le lestage pour pêcher à la hauteur adéquate.

Ne pas hésiter à changer souvent de longueur de bas de ligne (potence) entre les deux mouches surtout si les postes varient beaucoup. Cela prend un peu de temps, mais cela permet parfois de mieux pêcher un coup plus profond et prometteur. Les belles truites aiment souvent les postes profonds et/ou encombrés.

La pêche en nymphe au fil est souvent très productive mais pas toujours évidente du fait de l'environnement ambiant. Les cannes plus courtes sont à privilégier sauf sur les parcours plus dégagés où une 10 pieds soie de 2 peut passer.

J'emploie le plus souvent qu'une seule mouche surtout en tout début de saison, car les poissons sont souvent collés au fond. Puis plus tard, je monte une mouche plus lestée en pointe et une mouche « légère » en potence, au-dessus. C'est souvent très efficace.

Les différents lancers sont à maitriser pour pêcher en petite rivière
Les différents lancers sont à maîtriser pour pêcher en petite rivière

Perfectionner ses techniques de lancer

Dans tous les cas, la pêche y est plus technique en termes de lancer. Même si en grande rivière, il faudra savoir bien lancer loin et connaitre quelques lancers spécifiques pour faire de belles et longues dérives. En rivières plus étroites et encombrées, le pêcheur devra savoir utiliser toute la panoplie des lancers que notre technique nous met à disposition.

À commencer par le lancer revers, que bon nombre d'entre nous ne maitrisent pas suffisamment par manque de pratique et par fainéantise. Ce lancer assez simple permet d'aborder des postes qu'il n'est pas possible de faire en lancer droit sans changer de berge. Revers, revers en biais, revers horizontal. Chacun de ces lancers vous ouvrira de nouvelles perspectives, très intéressantes pour vos futures sorties de pêche.

Le lancer roulé est encore une autre corde à rajouter à son arc. Encore moins utilisé et pratiqué par la majorité des pêcheurs. Savoir lancer en roulé que ce soit à 5 m comme à 10-15 m ou plus. En roulé revers ou en coup droit. En shootant de la soie. Avec différents types de posé. D'être précis et délicat. Cela se travaille comme tout autre lancer.

Le roulé ne permet pas de changer de direction, mais a l'avantage de pouvoir lancer avec peu de dégagement. Ce qui est très utile en petite rivière.

Pour finir, un lancer qui parait assez simple, mais qui est souvent peu ou mal effectué. Le lancer arbalète ! Que ce soit en sèche ou en nymphe voire même tandem. En petites rivières, notamment très encombrées où se trouvent fréquemment de jolies truites, tranquilles, car peu sollicitées, ce lancer permet de déposer une mouche dans des trous de souris et avec une grande précision. De les débusquer là où aucun autre lancer n'est possible.

S'adapter, la clef du succès

Les maîtres-mots dans cette pêche en petite rivière, mais qui sont valables pour toutes les pêches finalement sont : observer, analyser, s'adapter.

Lorsque l'on a compris que la pêche demande de mettre en place une stratégie évolutive, je pense que l'on a tout compris. En aucun cas, il faut reproduire ce que l'on a déjà fait. Il est bon d'avoir un plan d'attaque, certes, mais l'adapter en permanence à ce qu'il se passe sur l'eau et à votre environnement, que ce soit sur une rivière que vous connaissez par cœur, comme sur un nouveau coin.

Vouloir reproduire ce que l'on a fait la veille est souvent synonyme d'échec ou en tout cas de passer à côté d'une partie de la pêche du jour. Les conditions changent tous les jours et plusieurs fois par jour. La température de l'eau, la lumière, la présence ou absence de soleil, la pression atmosphérique, etc..., changent en permanence. Chacun de ces facteurs influence les éclosions, activité des poissons, postes à privilégier, donc la pêche. Il faut alors en prendre compte pour modifier notre approche au fur et à mesure de la sortie de pêche.

Sur ces petits cours d'eau, vous n'aurez pas le droit à l'erreur. Les poissons peuvent être craintifs, car nous les attaquons généralement de près.

L'approche représente à mon avis 50 % de la réussite. Marchez très doucement sans faire de vague et de bruit. Savoir se servir de son environnement pour se camoufler. Il est souvent possible de prendre des truites à une longueur de canne !

N'hésitez pas à aller chercher les truites dans les postes compliqués là où personne ne va. Si vous vous accrochez, vous pourrez de toute façon aller chercher votre mouche. Les grosses truites aiment les coins encombrés, profonds, à l'ombre. Allez les débusquer !

Choisir pour chaque « bon » poste le lancer adéquate, le type de posé et la longueur de dérive peut faire une grosse différence au bout du compte. La première dérive est souvent capitale. Bien plus que le modèle de mouche généralement. Alors concentrez-vous et appliquez-vous.

En petite rivière il faudra adapter son matériel en fonction de l'encombrement mais aussi de la technique employée
En petite rivière, il faudra adapter son matériel en fonction de l'encombrement, mais aussi de la technique employée

Parlons matériel 

Les cannes courtes de 6 à 8 pieds d'action semi-rapide sont souvent la norme, pour soie de 2 à 4. Parfois, une canne de 9 pieds permettra de mieux pêcher les secteurs très rapides (éviter le dragage), ou encore en arbalète (pour lancer plus loin).

Les soies WF courtes « spéciales » pour les petites rivières sont un must. J'utilise la Rio Creek qui a été conçue pour ces pêches. Un moulinet léger et mat pour éviter d'effrayer les poissons. Tout comme une tenue sombre ou camouflage pour être invisible ou presque.

Un bas de ligne ni trop long, ni trop court. Trop long, vous ne pourrez le développer correctement. Trop court, les dérives seront moins bonnes. Il faut pour chaque technique et largeur de rivière se faire un bas de ligne adapté. Le modifier en cours de partie de pêche. Pour la sèche, nymphe plaquée, tandem, j'utilise personnellement un bas de ligne dégressif, rapide en maxima chameleon jusqu'au 20° où je réalise une micro-boucle, d'une longueur et demie de canne. Puis faire une pré-pointe en 18° (si pointe en 15°) pour un poser plus délicat, ou pas de pré-pointe pour un posé plus rapide, ou 15° (si pointe en 12°) plus longue avant la pointe de 1 à 1,5 m en nylon.

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