Le biotope est un facteur déterminant pour la recherche de grosses truites. Il s'agit de prédatrices hors pair qui vont donc être très réceptives aux leurres. Voyons ensemble comment dérouler une stratégie pour traquer ces grosses truites au leurre.
Un biotope adéquat pour de gros poissons
La capture d'une grosse truite relève rarement du hasard. Le premier facteur sur lequel se pencher est le biotope. Les grosses truites sont souvent présentes lorsque le milieu permet une croissance rapide. Pour s'attaquer aux grosses truites, il faut d'abord trouver des lieux abritant un maximum de beaux poissons.
La plupart des régions possèdent au moins un spot réputé pour la capture de beaux salmonidés. La recherche du biotope est déterminante pour la capture de gros salmonidés. Les spécimens se trouvent souvent dans les rivières ou fleuves de grand gabarit, appelés rivières de piémont (situées dans les grandes vallées), permettant la croissance de beaux poissons. Ces rivières sont alimentées par de nombreux torrents frais et oxygénés et possèdent un courant vif tout au long de l'année.
Il est assez rare de trouver des spécimens dans de petits ruisseaux de haute montagne qui s'assèchent l'été et sont en crue l'hiver. Outre ces rivières de piémont qui abritent de grosses truites sédentaires, il est aussi possible de trouver de beaux spécimens migrateurs sur de nombreux fleuves ou rivières se jetant dans les lacs d'altitudes. Il s'agit de truites de mer ou truites lacustres qui remontent les cours d'eau pour se reproduire. Certains lacs, notamment des lacs de barrage, abritent aussi une belle population de salmonidé à la croissance rapide.

Outre le gabarit du court d'eau ou le volume du plan d'eau, c'est la densité de nourriture et la richesse du lieu qui impacte directement la taille des truites, notamment la présence de petits poissons. Car ces truites sont des prédatrices invétérées qui sont particulièrement ichtyophage (qui se nourrissent de poissons).
Même si elles restent opportunistes et omnivores, elles se nourrissent beaucoup des petits poissons que sont les vairons, goujons et autres petits cyprinidés ou encore chabots, et même truitelles ! Leur mâchoire est développée en conséquence avec des dents acérées et une gueule largement fendue. Il s'agit de prédatrices précises dans leurs attaques dont le régime alimentaire est majoritairement constitué de poisson. Une aubaine pour les pêcheurs au leurre !
Pêcher au leurre les grosses truites
Pour leurrer ces carnassières, la pêche au leurre est tout indiquée. En effet, ces grosses truites ont un régime alimentaire de prédateur, mais aussi l'agressivité qui caractérise le comportement de nombreux carnassiers.
Elles sont donc doublement réceptives aux leurres : d'une part, parce qu'il ressemble aux proies habituelles, d'autre part parce que ces leurres incitent à l'attaque par agressivité. Pour sélectionner de belles truites, il faut utiliser des leurres de taille conséquente par rapport à ceux employés habituellement pour la traque de nos mouchetées.

La taille minimum est de 65 mm jusqu'à 100 mm. Les poissons nageurs de type minnow ou jerkbait sont des valeurs sûres. Les modèles coulants, dont la densité est supérieure à celle de l'eau, permettent de mieux pêcher les courants et de pêcher creux.
Pour ma part, j'affectionne les animations très punchy, composées de jerk puissants et de récupérations rapides. J'agis ainsi sur le mécanisme reflex de ces prédatrices qui pousse souvent ces grosses truites à l'attaque.
Outre les poissons nageurs, j'utilise aussi les leurres souples. Là encore les imitations de poissons sont à privilégier. Les shads sur tête plombée sont efficaces lorsque l'on pêche lourd vers l'aval. Les finesses ont cependant ma préférence pour leur côté à la fois imitatif et incitatif. Ils sont relativement polyvalents et ont la réelle faculté à déclencher des touches là où d'autres laissent les poissons sceptiques.
Il faut dans tous les cas ne pas hésiter à « faire tourner sa boite » pour trouver quel leurre est le plus pêchant sur le poste abordé.
Aborder la pêche
Une fois la rivière ou le lac choisie, il ne suffit pas de lancer inlassablement pour déclencher un gros poisson. Les salmonidés, notamment les spécimens, restent des poissons méfiants même s'ils sont agressifs. Votre approche doit être discrète.
Les poissons nageurs et leurres denses, outre leur capacité à bien pêcher creux et vaincre les courants, sont de précieux alliés pour lancer loin sans se faire repérer. Les postes à grosses truites sont très souvent des pools et veines d'eau creuses bien marquées. Il s'agit des postes offrant le plus de confort au poisson : une eau oxygénée, du volume, de la nourriture… Il n'est pas rare de déclencher une grosse truite en balayant plusieurs fois le poste.

N'hésitez donc pas à insister sur les postes qui vous semblent prometteurs. N'oubliez pas aussi de sortir des sentiers battus. Moins les spots sont fréquentés, plus les poissons baissent leur garde. C'est un facteur à prendre en compte si l'on veut mettre toutes les chances de son côté pour duper un gros poisson.
Matériel conséquent mais léger…
Le choix du matériel est assez particulier. Les leurres n'ont rien d'exceptionnel en termes de taille et de poids par rapport aux leurres utilisé pour la pêche d'autres carnassiers comme le brochet. Il faut cependant une canne à même de combattre des salmonidés surpuissants pouvant largement dépasser les 80 cm… Parfois même en plein courant.
Une canne ML à MH de bonne facture me parait être le bon compromis entre capacité à lancer et animer des leurres de 10 à 20 grammes et vaincre des poissons de plus de 6 kg. J'utilise pour ma part, la Illex Pepper S210ML Akoya Pearl ou la The Artist S225M Black Ops.
Pour ce qui est du moulinet, là aussi le choix est restreint : un bon 2500 à 3000 garnie de nylon 24/100 ou tresse PE0.8 (résistance d'environ 12 lbs, soit un peu moins de 6 kg) permet de travailler de beaux spécimens.
Mis à part la canne et le moulinet, je me dois encore d'insister sur la nécessité de posséder une épuisette. Celle-ci devra avoir une large ouverture pour faire rentrer facilement des grosses truites puissantes. Elle vous permettra d'abréger le combat, et d'assurer la capture d'un poisson qui peut être l'un des plus gros de votre vie et surtout garantir au maximum les chances de survie de votre truite trophée. Par ailleurs, ces poissons sont assez délicats à manipuler (peu de prise dans les ouïes, difficulté à les maintenir par la gueule…) et relativement fragiles !
Le cas « réservoir»
Autre pêche et autre approche. Les pêches en réservoir, aussi appelées « area » sont en plein essor dans l'hexagone. Souvent réservés à la pratique de la pêche à la mouche, ces derniers s'ouvrent peu à peu à la pêche au leurre. Il s'agit pour de nombreux pêcheurs d'une vraie opportunité de pêcher un gros salmonidé.
En effet, ces réservoirs sont régulièrement approvisionnés en poissons de toutes tailles, dont un certain nombre de « records », pour stimuler l'attrait pour ces pièces d'eau. Les truites arc-en-ciel sont reines dans ces eaux closes et constituent de vraies adversaires puissants et pugnaces.
N'allez cependant pas croire que la pêche y est facile. Ces poissons éduqués sont, en effet, sollicités à longueur de journée et voient perpétuellement passer des leurres. Il faut donc la jouer fine et pêcher subtilement pour tenter de prendre un salmonidé trophée. Les cuillères ondulantes sont de vrais « sauves bredouilles » qui combinent attractivité et simplicité.

Elles permettent de pêcher creux et lentement, en évoluant de manière naturelle. Sur des pics d'activité, les leurres de surface et petits crankbaits peuvent être une carte à jouer pour séduire une grosse arc-en-ciel. Je ne m'étalerai pas sur le vaste sujet des pêches « area » qui mérite à lui seul un article, mais sachez que c'est un réel moyen de capturer un spécimen qui se mérite vraiment.