Pêche en sèche-nymphe ou montage tandem
Bon nombre de pêcheurs à la mouche utilisent régulièrement le montage à deux mouches en employant une nymphe sous une sèche. La plupart du temps, cette technique est employée en eau rapide, en torrent ou rivière de montagne, et permet de proposer aux poissons deux mouches à deux étages. Très souvent, la sèche sert d'indicateur et soutient la nymphe mais il est possible de pêcher différemment en adaptant son montage.
En tandem « lourd » ou en eau rapide, la nymphe « travaillera » entre deux eaux ou près du fond, en réglant la profondeur de la potence au préalable, et celle-ci ne variera pas sauf si l'on refait le montage pour modifier la longueur de la potence pour s'adapter aux postes. Cette technique fonctionne surtout sur des fonds réguliers et permet de prospecter rapidement et efficacement de grands secteurs et/ou sur des postes peu marqués. La sèche sert d'indicateur, mais elle peut aussi être gobée si l'on choisit bien sa mouche. C'est là que nous pouvons jouer sur de nombreux facteurs pour s'adapter en permanence et ne pas utiliser la sèche uniquement comme indicateur.
Dans ce cas, le choix de la sèche est important et doit être adapté en fonction du poids de la nymphe utilisée. Il est rare d'utiliser des nymphes très lourdes bien que certaines mouches notamment en poils de cervidés ou en foam peuvent soutenir un certain poids. En France, c'est surtout des mouches type « tabanas » qui sont utilisées.
J'ai beaucoup pratiqué cette technique dans les rivières rapides du Grand Ouest américain, en Patagonie, ou en France en montage, où ce montage est terriblement efficace. Dans ces contrées, on utilise bien souvent des mouches en mousse imitant des insectes terrestres (scarabées, sauterelle, coccinelle, …) qui soutiendront des nymphes de taille/poids important. J'ai pu prendre des très belles truites de cette façon que ce soit sur la sèche ou sur la nymphe.
C'est aussi une bonne option pour pêcher en début de saison où l'emploi d'une nymphe assez lourde permet de pêcher plus creux, là où se trouvent les poissons.

Pêche à deux mouches légères
Néanmoins, il est possible de pêcher « léger » avec cette technique et d'utiliser de petites nymphes notamment à la belle saison, sous une sèche de taille « normale », qui n'est pas un « bouchon » ! Cela permet encore une fois de prendre des poissons à la fois en sèche mais aussi en nymphe quand les poissons ne sont pas très actifs en surface mais gobent occasionnellement.
Il est aussi possible de proposer de petites nymphes peu ou pas lestées derrière une sèche légère lorsque les poissons sont tatillons et ne montent pas régulièrement en surface.
Cela permet de maintenir une nymphe à la bonne profondeur et de voir plus facilement la touche.
Par exemple, en période de mouche de mai, lorsque l'éclosion n'est pas encore bien installée, une nymphe de mouche de mai peu lestée sous un subimago de mouche de mai peut donner de très bons résultats !
Autrement, une nymphe ORL ou pheasant tail ou encore une imitation de larve de trichoptère casquée sous un sedge peut également être très efficace lorsque les truites sont peu actives en surface.
Certains jours, les deux mouches prennent autant de poissons. D'autres jours la sèche sert plus d'indicateur et/ou permet de proposer une nymphe et de prendre la majorité des poissons sous l'eau.
J'utilise ces deux techniques régulièrement avec succès en Bretagne.

Avantages et inconvénients de la pêche en tandem
Avantages :
- Pêcher à la fois en surface et sous l'eau donc augmenter ses chances de capture.
- Permet de couvrir des secteurs vastes et réguliers en profondeur rapidement et efficacement.
- Idéale pour débuter en nymphe.
- Ludique car permet de prendre des poissons sur les deux mouches et/ou sur la nymphe en voyant sa sèche couler qui nous rappelle à tous nos débuts en pêche au coup !
En adaptant la sèche et la nymphe il est possible de pêcher dans de nombreuses situations et de prendre plus de poissons que si l'on utilisait qu'une seule mouche.
Inconvénients :
- La nymphe pêche toujours à la même profondeur avec la potence fixée au préalable et en fonction du poids de la nymphe.
- Plutôt adaptée à des fonds réguliers que des secteurs avec d'importantes variations de profondeur, sauf si les poissons sont très actifs et montent chercher la nymphe entre deux eaux.
- Un peu lourd et parfois difficile à lancer notamment pour un débutant ou lorsqu'il y a du vent.
- Moins précis et moins discret qu'à une mouche.
- Pas facile de pêcher les bordures si l'on se trouve au milieu de la rivière. Le placement du pêcheur sera important dans le cas d'une pêche de bordure.

Quelle mouches utiliser pour cette technique ?
- Sèche en eau rapide : tavana, goddard caddis, gros CDC, terrestres ou mouche-indicateur
- Sèche « légère » : toute imitation qui flotte haut et permet de soutenir de petites nymphes peu lestées : sedge, tricolore, palmer, CDC bien fourni, ORL… Un montage parachute permettra d'augmenter la visibilité de la mouche notamment dans les courants. Une petite touffe de yarn peu aussi foncitonner sans être montée en parachute.
- Nymphes : tout type de nymphes sauf les nymphes très (trop) lourdes en tungstène ou double bille. J'utilise souvent des pheasant tail et ORL casquées, larve de sedge, olive, perdigone.
- En pêche légère : des nymphes casquées légèrement, ou peu lestées (voire pas du tout), type ORL et pheasant tail avec petite bille laiton voire tungstène inférieur ou max de 2 mm, mais tout type de nymphe peut fonctionner. Les nymphes de sub-surface peuvent être excellentes sur un montage très léger.

Montage pour la pêche à deux mouches
Il faudra choisir la longueur de la potence en fonction de la profondeur moyenne du ou des spots de pêche. Celle-ci devra être judicieuse si l'on recherche les poissons sur la nymphe près du fond. De moindres importances si l'on pêche entre deux eaux.
Dans le cas d'une pêche plus légère, cette longueur pourra être plus importante que la profondeur si l'on souhaite présenter une nymphe peu ou non lestée entre-deux eaux, loin derrière la sèche dans le cas où les poissons goberaient peu mais prendraient assez près de la surface.
Je monte souvent la nymphe en utilisant un nœud coulant que je fixe sur la courbure de l'hameçon de la première mouche (si ardillon), en laissant dépasser 2 mm de fil ce qui permet de défaire la boucle pour enlever la nymphe si les truites prennent surtout la sèche ! Je peux ensuite remettre la nymphe sans refaire de nœud. Ce montage est très pratique pour réaliser des changements rapides.
Dans le cas de mouche sans ardillon, on peut monter la potence de la nymphe sur l'œillet de la sèche. Idéalement, si la nymphe n'est pas trop lourde pour garder une bonne présentation de la sèche.
Une autre façon de procéder et de réaliser un nœud de potence en réalisant (nœud de chirurgien). C'est moins discret et cela s'emmêle régulièrement notamment quand on est débutant.