Une proie qui rend les truites folles
De nombreuses chenilles vivent dans la ripisylve de nos cours d'eau, mais la chenille du chêne et aussi du saule peuvent rendre complètement dingues les truites d'une rivière.
Au printemps, les chenilles sortent de leur « hibernation » et commencent à ramper un peu partout et notamment sur les branches des arbres. Elles se retrouvent à l'eau assez souvent en descendant par leur fil de soie pour se poser au sol pour ensuite se transformer en papillon. Mais certaines tomberont dans l'eau et les truites le savent très bien et les attendent impatiemment, chaque année.
Les chenilles vertes appelées tordeuses du chêne sont malheureusement des parasites qui mangent les feuilles des arbres. Elles sont abondantes dans certaines régions comme en Bretagne et peuvent créer des réelles euphories chez les truites.
La période peut durer de quelques jours à deux semaines et c'est surtout les jours ventés qu'elles tombent encore plus à l'eau.
Les truites sont postées sous les chênes et attendent le bruit caractéristique de la chute de la chenille qui émet un petit son lourd et un petit remous. Ni une ni deux les truites les plus proches foncent à toute vitesse pour s'en emparer. Première arrivée, première servie !
Où pratiquer cette pêche ?
Il existe plusieurs espèces de chenille, mais c'est surtout sur les vieux chênes que les populations sont les plus importantes. Sur les saules, il y a également de petites chenilles que les truites consomment également. La chenille est verte dans les deux cas, mais pas tout à fait de la même taille et couleur.
On peut pratiquer cette pêche sur la plupart des rivières de France, mais il faut que les tordeuses du chêne soient présentes. Pour cela, il suffit de regarder les feuilles des arbres. Elles sont généralement « broutées » par les chenilles. Elles sont aussi faciles à repérer, car d'un vert presque chartreux. Les truites les repèrent de loin, mais savent surtout où les trouver.
Je suis presque persuadé que les truites pendant cette période vont se déplacer temporairement de leurs postes habituels, pour profiter de cette source protéinique très facile à consommer. Et pour moi, elles se rassemblent sous ces arbres pendant cette période de courte durée.
Il faut donc rechercher les arbres sur lesquels les chenilles sont en train de sortir ce qui dépend du stade d'évolution des chenilles qui sortent peu à peu des troncs.
Dès qu'elles commencent à sortir, cela ne dure pas très longtemps. Quelques jours tout au plus voire une semaine.
Selon la situation géographique les chenilles sortent plus ou moins tôt dans la saison ce qui est lié à la température.
Par exemple, en estuaire proche de la mer, les chenilles sortent une à deux semaines plus tôt que sur les rivières situées plus dans les terres.
Il faut donc suivre leur évolution pour être au bon endroit et au bon moment.
Sur une même rivière, il faut aussi se déplacer pour trouver là où elles sont en train de tomber à l'eau. En allant sur plusieurs secteurs de rivière, vous verrez rapidement si les chenilles descendent des arbres par leur fil de soie et surtout des gros gobages bruyants sous les chênes. En l'absence d'activité, il faut aller sur un autre secteur, généralement de l'aval vers l'amont. L'amont des rivières est souvent plus en « altitude » donc plus froid. Les chenilles sortent plus tard.
Quelles imitations utiliser ?
On peut utiliser plusieurs modèles et pratiquer plusieurs techniques pendant la période des chenilles.
Pêche à une mouche
Lorsque les truites sont vraiment excitées en surface, l'emploi d'une seule mouche fonctionne assez bien, surtout si vous voyez les truites se déplacer et les gobages.
Néanmoins, il est parfois difficile d'arriver à ferrer les truites au bon moment tellement elles se ruent dessus. Les ferrages hâtifs sont fréquents.
Il faut temporiser et ferrer soit quand le fil se tend (si la chenille a coulé) soit une à deux secondes après le gobage si elles prennent au posé.
Pêche à deux mouches
L'utilisation de deux mouches permet souvent de moins les rater. Dans ce cas, je monte une mouche sèche (qui dépend de ce qui peut aussi éclore à cette période), et à 30 à 40 cm en dessous une chenille en potence. Quand la sèche bouge, tirée par la prise de la chenille en dessous, ou coule, il faut rapidement ferrer. Cela fonctionne très bien et permet de prendre les truites qui les prennent sous l'eau. En effet, les chenilles ne flottent pas vraiment, sauf juste après être tombée, ou si elles sont encore retenues par leur fil de soie.
En l'absence de gobage ou d'activité, les truites savent tout de même que nous sommes à la période des chenilles. De ce fait, elles sont quand même fixées sur les chenilles qui sont une source de nourriture non-négligeable pour elles. Dans ce cas précis, une nymphe imitant une chenille est souvent très efficace.
On peut les monter de différentes façons, mais les imitations en bodyglass ou soie de montage vert chartreux sont excellentes.
Vous l'aurez compris, il ne faut surtout pas manquer la période des chenilles, car les truites s'en gavent et perdent toute méfiance. On peut d'ailleurs faire de très belles truites à cette saison. Les prises peuvent aussi s'enchaîner car il arrive de prendre plus de 10 truites par chênes si vous tomber vraiment au bon moment !
C'est une pêche explosive, très amusante à pratiquer.
