Je ne vais pas vous (re)faire l'apologie de la philosophie "gros leurre gros poisson" mais plutôt vous partager mon analyse et le raisonnement qui me pousseront à pêcher gros à l'ouverture. Par « bigbait » j'entends l'emploi de leurre d'au moins 20 cm ou plus de 50 grammes. Ce sont des leurres conséquents qui demandent un matériel adapté. Ces leurres vont de par leur volume, déplacer de grandes quantités d'eau et avoir une forte présence. Les vibrations sont fortes et les stimuli visuels marqués. Pensez aussi avant le jour J à vérifier votre tresse et vos moulinets qui sont particulièrement sollicités lors de lancers par l'emploi de ces leurres lourds. Voici en 5 points les arguments qui font que pour moi, la pêche au bigbait est particulièrement pertinente pour l'ouverture.
1/ Les brochets se sont reproduits
Les brochets sortent de la période de frai et ont besoin de se refaire une santé.
La reproduction est toujours une période éprouvante, qui demande de dépenser pas mal d'énergie en parallèle d'une baisse de l'alimentation.
Ils ne privilégieront pas forcément un type de proie particulier et seront assez peu regardant.
Notre poisson sera actif si la température de l'eau monte et les leurres d'un volume conséquent ne le rebuteront pas, au contraire. Toutes les opportunités alimentaires sont saisies ! Les brochets seront réceptifs aux leurres à fortes présences, émettant de multiples stimuli et n'hésiteront pas à attaquer de grosses bouchées.
Il y a fort à parier qu'entre deux leurres passant à portée, le brochet attaquera le plus gros ! Cela peut faire la différence par rapport à d'autres pêcheurs, notamment sur les zones fréquentées par de nombreux passionnés à l'ouverture.

Par ailleurs, en tenant ce raisonnement jusqu'au bout, à savoir cibler des poissons qui sont affaiblis, je vous invite et incite à relâcher vos poissons rapidement et dans les meilleures conditions afin de ne pas fatiguer ces brochets outre mesure.
2/ Les Poissons blancs frayent
Les poissons blancs comme les gardons, chevaines, brèmes, carpes... vont frayer ou frayent déjà, se rassembler et baisser leur garde.
Ils constituent des proies de choix, affaiblies et distraites, pour les brochets qui ne traînent jamais bien loin des rassemblements de poissons blancs.
Ces cyprinidés géniteurs matures et adultes représentent de belles bouchées, par conséquent, il faut miser sur un leurre au moins aussi volumineux.
Les petits leurres n'intéresseront pas les brochets ! Les swimbaits imitatifs et à la nage nonchalante sont une carte intéressante à jouer en mai autour des rassemblements de blancs.

On peut aussi jouer la carte des forts signaux visuels qui permettent de faire remarquer votre leurre au milieu de rassemblements de poissons blancs parfois conséquent.
Les brochets qui ne savent pas forcément où donner de la tête remarqueront forcément la présence de votre leurre. Les jerkait sont alors intéressants.
3/ Les brochets sont moins méfiants
C'est l'ouverture, un événement où l'on a tous envie de se "défouler", envie de prendre un beau poisson !
Sachant qu'à cette période de l'année, même les petits brochets répondent à des leurres conséquent, je ne vais pas me priver de sélectionner un minimum les plus jolis spécimens en proposant un bigbait !
Je sais que le risque de finir bredouille est quand même moins présent et je n'hésiterai pas à me risquer à ne me concentrer que sur la recherche de beaux poissons. Qui plus est, la période de repos biologique et la baisse de pression de pêche des derniers mois rend les carnassiers éduqués moins difficiles à décider, la « faim » post-reproduction aidant.
Les gros leurres, avec des vibrations puissantes ne les rebuteront pas. Le côté ludique de la pêche au bigbait rend aussi l'ouverture plus attractive, chacun, même le plus novice, pouvant sortir son épingle du jeu.
4/ Cibler la bonne espèce
Outre le brochet, en pêchant au bigbait, il sera aussi possible de leurrer de belles perches record. Celles-ci sortent aussi d'une période hivernale et de reproduction et sont particulièrement actives.
Cela me permettra aussi d'axer ma pêche sur la traque presqu'exclusive du brochet et d'éviter, ou du moins de minimiser, le risque de capturer un black-bass ou un sandre sur un nid, même si ces derniers sont parfois si agressifs qu'ils attaquent les gros voire les très gros leurres.
Je sélectionne un minimum la taille et l'espèce recherchée.

Même si un gros sandre ou un brochet à peine maillé n'auront pas peur d'attaquer un leurre de 20 cm, un gros brochet sera intéressé par la bouchée que je lui propose. L'inverse est peu probable et un petit leurre n'intéressera pas l'espèce visée.
5/ Peu d'herbiers
Aujourd'hui les possibilités de pêcher « bigbait » sont grandes. On peut envisager de prospecter avec des leurres durs (swimbaits et jerbaits) ou d'insister au leurre souple.
Les montages adaptés à l'emploi de ces derniers sont plus que jamais présent sur le marché, avec notamment la démocratisation des screw rig et l'emploi d'armement à deux triples.
Les herbiers n'ont pas encore repoussé et l'emploi de deux triples n'est pas une gêne. Les zones souvent dégagées sont propices à faire évoluer votre bigbait qui se fera remarquer de loin et qui aura de fortes chances d'être intercepté.
La pêche au bigbait n'est plus une approche de "specimen hunter" (chasseur de record) elle a aussi gagné en technicité et permet de couvrir un large panel de problématiques.
Aussi, pour cette ouverture, plus que jamais, le nombre de solutions offertes par le bigbaiting n'a été aussi grand.
Voilà donc mon analyse, je vous souhaite à tous une bonne ouverture, pensez à charger la batterie de vos appareils photos pour de beaux souvenirs et à relâcher avec le maximum de précaution vos carnassiers !